samedi 27 mars 2010

GIUSEPPE PENONE. LA FORÊT DE SOIGNES.

"Souche", Forêt de Soigne ©FDM

Aux alentours de Bruxelles, promenade dans la forêt de Soignes. Forêt peuplée de hêtres où abondent les souches déracinées. L'une d'elles attire mon attention.

Elle est là comme un hommage à l'œuvre de Penone. Juste déracinée. Posée au sol comme le serait une des sculptures de l'artiste italien.

Penone, on le voit, m'accompagne toujours. Je pourrais détailler les mille et un détails de cette forêt encore hivernale : feuilles mortes, rondins et jusqu'à ces coupes si photogéniques des troncs, ces coupes où Penone se plaisait à repérer les nœuds du bois. Et la structure (ou figure) de l'arbre vivant.

mardi 23 mars 2010

JEANINE COHEN. COULEUR. LUMIÈRE. ABSTRACTION.

Peinture acrylique sur bois, 2010.

Exposition à Bruxelles (Nomad Gallery) et visite d'atelier. Découverte de l'œuvre abstraite et rigoureuse de Jeanine Cohen.

D'emblée, la référence qui me vient à l'esprit est celle de la Galerie Denise René. —Abstraction. Blancheur. Géométrie.

Et juste cette touche de couleur en HALO, provenant non point d'une vision directe du rouge, du jaune, du rose, du vert ou du bleu, mais de la RÉFLEXION que ces couleurs (peintes sur l'envers de la structure) laissent sur le mur blanc.

Les photographies que prend Jeanine Cohen, lors de ses déplacements à l'étranger (en Islande, en Isrël, aux USA, etc), sont irisées de ces mêmes couleurs. Et semblablement "abstraites".

Un seul regard peint et photographie : les nuances, les camaïeux, les reflets.

Jeanine Cohen

samedi 20 mars 2010

PRATIQUES CONTEMPORAINES DE LA COULEUR - COLLOQUE INHA.

Mardi 30 MARS 2010
Salle VASARI - INHA

Passage Colbert ou 2 rue Vivienne
75002 - Paris

9h00-Couleur et fiction
Bernard Metzger peintre, enseignant Ecole Nationale Supérieure d'Art Dijon, ECO Observatoire européen de la Couleur

9h30-La Couleur a lieu, jalons pour une théorie de l'évenement coloré
Bertrand Prévost historien de l'art, MCF Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, EHESS

10h00-Peindre avec les couleurs et les mots
Annie Mollard-Desfour linguiste, CNRS Université Cergy Pontoise, Présidente du Centre français de la couleur

10h30-Pause

11h00-La Couleur : Conférence à l'usage des aveugles
Florence de Mèredieu
, philosophe, maitre de conférences émérite, esthétique et sciences de l'art, Université Paris-I Sorbonne

11h30-La couleur et la question de l'héritage en peinture
Alain Bourgeois artiste, Ecole Nationale Supérieure d'Art Dijon, ECO Observatoire européen de la couleur

12h00-La Couleur est le Lieu
Gisèle Grammare artiste plasticienne, professeure UFR Arts Plastiques, Université Paris-I Sorbonne

12h30-Débat

14h00-Couleur, lumière et mouvement
Charlotte Beaufort artiste, doctorante Université de Pau CICADA

14h30-Couleur et fluorescence
Jean Claude Le Gouic peintre, professeur émérite Université de Provence Aix-Marseille

15h00-Volumes lumieres
Bernard Gerboud artiste, Département Arts Plastiques Université Paris 8, labo EA4010 AIAC

15h30-Pause

16h00-Peindre sans pigments : d'où vient la couleur ?
Agnès Foiret peintre, UFR Arts Plastiques Université Paris-I Sorbonne, labo 2479 CERAP

16h30-Ready-made color : la couleur de ce qui est dit
Antoine Perrot artiste plasticien

17h00-Le Polychrome : une autre histoire de la couleur ?
François Jeune peintre, Département Arts Plastiques Université Paris 8 labo EA4010 AIAC

17h30-Débat

18h00-Fin de la journée

jeudi 11 mars 2010

GUTAI PARODIÉ PAR BEAT TAKESHI KITANO.

©Beat Takeshi Kitano

Maître du comique "de situation", expert en "haute-dérision", Takeshi Kitano parodie les avant-gardes artistiques.

L'exposition de la Fondation Cartier comprend ainsi un hommage significatif aux "drippings" de Jackson Pollock : une boule "aimantée" parcourt l'espace de la toile.

Le grand public percevra sans doute plus difficilement les sources d'un des sketchs les plus réussis de ce trublion de la peinture et des médias (une parodie du principe de la calligraphie).

L'avant-garde japonaise des années 1954-1972 connut une grande effervescence. Peinture au canon, tableaux réalisés à l'aide de la projection de bouteilles de peintures, petit train circulant sur une toile posée au sol, etc. Le groupe Gutai multiplia les actions, performances, happenings.

Sans compter les célèbres actions de Kazuo Shiraga, suspendu à une corde, se balançant et peignant avec ses pieds. La toile sur le sol se couvre de traces et s'anime progressivement,

Beat Takeshi Kitano reprend et parodie cette "Geste" avant-gardiste. Armé d'un gigantesque pinceau imbibé de peinture bleue, le peintre est lui aussi suspendu au-dessus d'une toile posée au sol. Manœuvré par quelques acolytes, un astucieux système de poulies permet de monter, descendre et faire virevolter l'artiste d'avant-garde. Celui-ci se retrouve projeté au sol, le nez dans sa toile, ou remonte à toute vitesse. Les participants sont éclaboussés de peinture. La performance tourne à la farce.

Mais ne nous y trompons pas : pour que la parodie soit, il faut que l'œuvre ait eu lieu. Que GUTAI se soit manifesté, ait OSÉ. Dans toute sa légèreté. Son innocence.

La parodie de Kitano est donc — de fait — un hommage à l'avant-garde de cette époque, ainsi qu'aux artistes qui ont œuvré auparavant dans le même sens.

Citons les peintres calligraphes, chinois ou japonais, André Masson et ses fameux "dessins automatiques", Jackson Pollock et ses "drippings", le mouvement Gutai enfin. Sans oublier les anthropométries (bleues elles aussi) d'Yves Klein.

"Gosse de peintre". BEAT TAKESHI KITANO. Fondation Cartier. 11 mars-12 septembre 2010


Gutai, Moments de destruction, Moments de beauté, Blusson

GIUSEPPE PENONE, "RESPIRER L'OMBRE".

"Je laisserai toutes sortes d'oiseaux voler chez moi. Je ne fermerai jamais les fenêtres et le vent enveloppera toujours mes pas." (Giuseppe Penone, 1969)

Les écrits d'artistes sont de nature hétéroclite. Certains sont bavards et ennuyeux, quelquefois pompeux. On comprend que le peintre, le sculpteur, le plasticien œuvrent à partir d'une autre langue et d'autres instruments que les mots.

Il est maintenant des écrits somptueux. De par leur précision clinique (Léonard de Vinci), ou leur science du processus créatif (Paul Klee).

Giuseppe Penone agit lui en poète. On comprend qu'il s'insère au cœur des matériaux qu'il travaille — cire, bois, pierre, temps, espace. De ces écrits, ces notes qui l'accompagnent tout au long de son parcours, il tient à préciser que leur "sens" s'avèrerait "incomplet si on les lisait sans penser à ses "œuvres".

Il est vrai que ces notes aident à pénétrer au cœur des installations et des œuvres d'un sculpteur qui est comme enté, greffé aux matériaux qu'il travaille.

Ce recueil, Respirer l'ombre, m'a toutefois accompagnée un temps dans mon propre cheminement, le long des grèves et de ces matériaux instables qui vivent sur l'estran marin : dans cette zone et lisière instable sise entre sable et mer.

L'œuvre de Penone, ses mots, la rêverie qui fut la sienne ont nourri mes propres rêves, enveloppé mes pas, mes images, et ces mots-là qui me servent à respirer.

Colloque : LE CRÉATEUR ET SES FIGURES PARENTALES, Université de Bourgogne.

Colloque international organisé par le
Centre Interlangues Texte, Image, Langage EA 4182


VENDREDI 26 et SAMEDI 27 Mars 2010
Amphithéâtre Mathiez (Extension Lettres)

Université de Bourgogne
Faculté de Langues et Communication / 2 Bd Gabriel (Dijon)

Vendredi 26 Mars - Amphithéâtre Mathiez

8h45 : Accueil des participants.
9h00 : Ouverture du colloque.

9h15-9h45 : Federica Lena (Université de Bologne) : «Les complexes familiaux dans les romans épistolaires du XVIIIe siècle (Rousseau et Laclos)». — 9h45-10h15 : Claudine Giacchetti (Université de Houston): «Créer sa fille, créer sa mère : Delphine de Girardin et Sophie Gay». — 10h15-10h45 : Hervé Bismuth (Université de Bourgogne) : «La Marguerite d’Aragon, muse mère et Sainte Vierge».

10h45-11h00 : Pause.

11h00-11h30 : Roselyne Waller (Université de Strasbourg) : «Infirmité et indifférences dans l'œuvre de Camus (L'Envers et l'Endroit, L'Exil et le Royaume, Le Premier Homme)». — 11h30-12h00 : Florence de Mèredieu (Université de Paris 1) : «Antonin Artaud, le créateur, le démiurge et l'exécration du "Père-Mère"». — 12h00-12h30 : Fabrice Wilhelm (Université de Mulhouse) : «Du déni de la filiation à la décréation».

12h45 : Déjeuner.

14h15-14h45 : Guillaume Cingal (Université de Tours) : «L’A-nom du Père : défiguration et affiliations dans Memory of Snow and Dust de Breyten Breytenbach (1989)» 14h45-15h15 : Olivier Larriza (Université des Antilles-Guyane) : «Anatomie de la filiation : Mary Shelley face à ses figures parentales».15h15-15h45 : Marine Paquereau (Université de Bourgogne) : «Écrire la relation père-fils dans Affliction de Russell Banks».

15h45-16h00 : Pause.

16h00-16h30 : Elodie Raimbault (Université de Lille III) : «Kipling héritier−Kipling orphelin : l’imaginaire de la filiation». — 16h30-17h00 : Georges Bertin (IFORIS Angers) : «Les enfants du Graal de Peter Berling».

17h00 : Débat.

Samedi 27 mars 2010 - Amphithéâtre Mathiez

9h00-9h30 : Francesco Arru (Université de Bourgogne) : «Giovanni Pascoli et la construction de la figure paternelle». — 9h30-10h00 : Michelle Nota (Université de Bourgogne) : «Caproni». — 10h00-10h30 : Dominique Budor (Université de Paris III) : «Pirandello».

10h30-10h45 : Pause.

10h45-11h15 : Sabina Ciminari (Università de Rome –La Sapienza) : «Une violence au nom du père. Les femmes écrivaines italiennes entre amour et haine» ? — 11h15-11h45 : Claude Imberty (Université de Bourgogne) : «L’oeuvre d’Elsa Morante ou la déconstruction du roman familial». — 11h45-12h15 : Cristina Vignali (Université de Chambéry) : «L’altérité insaisissable : ego et figure maternelle chez Dino Buzzati».

12h30 : Déjeuner.

14h00-14h30 : Hélène Gaudin (Université de Bourgogne) : «De la parentalité bilogique à la filiation artistique : héritage et appropriation dans l’oeuvre Les Vies de Giorgio Vasari». — 14h30-15h00 : Florence Monamy (Musée des Beaux Arts, Dijon) : «Giambattista Piranesi, un artiste libre». — 15h00-15h30 : Emilie Lehours Hamon (Université de Paris IV et Université de Bourgogne) : «Le créateur et ses figures parentales : ‘Des filles à papa’».

15h30 : Débat et clôture.

mardi 9 mars 2010

"NOIR" : LE NOIR AFRICAIN.

Photographie ©FDM

Le noir absolu d'Afrique traverse les millénaires en conservant intacts les signes qu'il porte. C'est l'un des matériaux que les Égyptiens préféraient pour réaliser le négatif du corps du défunt sur leurs sarcophages." (Giuseppe Penone,1977)

Les ombres dans la lumière du petit matin. Deux silhouettes en ombres chinoises. Et cette disproportion d'échelle — flagrante — entre la statuette grecque, l'idole africaine et le paysage en arrière-plan.

Un étrange dialogue se noue entre ces éléments.

lundi 8 mars 2010

OMBRES. EMPREINTES. SCULPTURES ÉPHÉMÈRES.

Photographie ©FDM

"Retrouver dans la terre les empreintes de pas effacés par la superposition des pas suivants. Creuser dans la mémoire de la boue, faire de la sculpture." (Giuseppe Penone,1978)

Marcher sur la grève au coucher du soleil. En ce moment précis où les ombres s'allongent. Démesurément.

La figure est mangée, dévorée, dissoute ; elle se fond dans les plans d'eau, émerge sur les surfaces sombres, s'enrichit de rousseurs au contact des rochers.

Marcher, c'est ainsi pour l'ombre apparaître et puis disparaître. Se métamorphoser continûment.

dimanche 7 mars 2010

LA MÉMOIRE DE LA BOUE.

Photographie ©FDM

"Je me souviens de la mémoire de la boue, de la lente ascension des vapeurs de la terre, de l'écoulement de l'eau dans le sous-sol, de la poussée verticale de la matière…" (Giuseppe Penone,1987).

Comment dire la fascination pour la boue, cet élément mixte, composé de sable et d'eau, où l'on s'enfonce irrémédiablement ?

La boue envahit la grève par plaques, par plages ; elle avoisine les trous d'eau. Les vagues en refluant y ont dessiné de profonds méandres et de délicates virgules.

Je songe à cette piscine de boue mise en scène par Rauschenberg. Cette piscine de boue chuintante et clapotante, reconstituée lors de la rétrospective que New York avait consacrée à l'artiste en 1997.

La boue ici, sur la grève, ne clapote pas, ne chuinte pas. Entre deux marées, entre deux mouvements de l'eau, les sculptures de boue sont immuables. Figées pour un temps bref.

Demain, elles seront autres. La boue se sera transformée.

vendredi 5 mars 2010

L'EAU ET L'ÉCUME. MÉTAMORPHOSES.

Photographie ©FDM

"l'extrême précarité du concept de solide, fluide, dur, mou, positif, négatif, les variations climatiques, les différences de chaleur…" (Giuseppe penone, 1979)

Tempête sur la Manche. Vision, à nouveau, de l'étrange métamorphose des matériaux, de la propension qu'ils ont à se transformer en leurs (presque) contraires.

Les colères de la mer transmuent une eau vive et fluente en une masse gélatineuse. Mousse. Matériau dense, qui a toutes les apparences d'un blanc d'œuf monté en neige.

Le vent métamorphose à son tour cette masse… Et souffle, et souffle, éparpillant alentour des fragments et des fragments de mousse.

L'écume alors trace sur le sable ses calligraphies millénaires.

mercredi 3 mars 2010

EAU : LES COURANTS CONTRAIRES.

Photographie ©FDM

"l'eau contenue dans l'eau, les courants marins enveloppés par la mer…" (Giuseppe Penone, 1995)

Marées sur la côte normande. La mer disparaît. On la cherche vainement à l'horizon. On l'oublie, quand, soudainement, elle revient. Rapidement. En tous sens. En multipliant les nœuds, les tresses, les rubans. Tous ces courants s'affolent, se contrarient. Une logique implacable mène cependant ces ruisseaux, ces rigoles, ces nappes d'eau salée jusqu'aux confins du sable. Vers la digue, vers la terre.

LE MONDE DES REFLETS.

Photographie ©FDM

Longtemps j'ai traqué les reflets. Dans l'eau, les vitres. Sur les surfaces polies.

Qu'est-ce qu'un reflet ? Sinon une redondance et une répétition. Un double décalé. Une image qui s'offre le luxe de la mise en abîme. Une forme qui se répète et se déforme, entre en anamorphose.

Cette image fut prise à l'aube. Les formes sont floues, la lumière "humide". — J'y vois comme un écho des transparences de l'image récemment prise au Louvre. Un écho décalé, modulé sur un autre ton.