dimanche 12 décembre 2010

L'AFFAIRE ARTAUD (Fayard) : L'ARGUMENT DE LA FATALITÉ.

« L'enchaînement des circonstances, bien loin de lui permettre [à Paule Thévenin] de tenter d'échapper à un tel comportement, l'obligeait au contraire à un repli complet, parfois farouche. De même, elle ne pouvait ni se séparer des manuscrits, ni en permettre la moindre reproduction photographique, ni encore moins les vendre. Libre à chacun, bien sûr, d'épiloguer sur une telle fatalité. Toutefois, il est singulier que Florence de Mèredieu, à qui la philosophie et la psychanalyse sont aussi familières que la littérature et l'art, n'ait point discerné cette fatalité, qui dura exactement quarante-cinq ans, et avait quelque chose d'inexorable. » (Histoires littéraires, n° 39, 2010).

Je traite dans l'ouvrage de cet « argument de la fatalité » (p. 629). Les Histoires littéraires semblent ne pas avoir lu ce paragraphe.

La « fatalité » (et tout le pathos, religieux et tragi-comique, qui en découle) est un argument « facile » et confondant. Cela conduit certes à dédouaner Paule Thévenin (et tous ceux qui l'ont soutenue) de tout embryon de critique. On reste, ce faisant, dans le registre de la Pythie toute puissante, décrite par beaucoup de ses thuriféraires.

Je ne crois ni à la fatalité, ni à la prédétermination. Si l'enclenchement des circonstances devait inéluctablement aboutir à la cascade d'événements décrits par le livre, il fallait modifier ces circonstances et inventer d'autres voies.

Quant à la référence à la psychanalyse (et à la philosophie), pardonnez-moi, mais lorsque l'on fait de l'inconscient et des ressorts analytiques une "fatalité", c'est que l'on a affaire à quelque chose qui est de l'ordre de la NÉVROSE ou de la psychose. Artaud en avait bien conscience, lui qui refusait précisément d'être en tout et pour tout mené par son inconscient. Et par celui des autres.

Quant à la philosophie, il y a quelque chose précisément (sur laquelle on pourrait beaucoup épiloguer) qui est ce que les philosophes ont nommé la liberté, le pouvoir de s'opposer et de dire NON.

Lien Histoires Littéraires

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