mercredi 30 mars 2016

Lou REED. Les Syllabes du Chaos.


Un documentaire d'Alexandre Breton et Céline Ters.

FRANCE CULTURE. Une vie. Une œuvre.

Samedi 2 avril 2016 à 16H00.
(et, ensuite, en podcast sur franceculture.fr)

Lou Reed, "Prince des ténèbres et de l'angoisse" selon Warhol, incarne les pires démons des puritaines USA : rocker, junkie, alcoolique, bisexuel, gauchiste. Ce gamin de Brooklyn, né en 1942, n'a jamais nourri d'autre ambition que de mettre en musique "le grand roman des États-Unis", de son envers trash narré par Kerouac ou Selby. Lou Reed, dès les débuts du Velvet Underground, a définitivement déniaisé le rock'n roll, le propulsant violemment à l'âge adulte, sans romantisme. Deux aspects font la matière de ce documentaire : l'écriture et l'électricité, toutes deux plongeant leurs racines dans un chaos fondateur : l'enfer des électrochocs subis par Lou Reed adolescent. Au commencement il y a la haine, "Aw now do it just like Sister Ray Says". (Communiqué de presse).

Avec la participation de :

Warren ELLIS, Mick ROCK, Florence de MÈREDIEU,
Bruno BLUM et Michka ASSAYAS.

Andy Warhol & Lou Reed. Photo DR.

samedi 12 mars 2016

Art Contemporain Chinois. ZHANG HUAN.

Zhang Huan, Sudden Awakening,
acier et cendres, 2006. Photo © FDM, 2016.

Artistes chinois à la Fondation Louis Vuitton
Exposition et accrochage.
Du 27 janvier au 29 août 2016.

Ma découverte de l’art contemporain chinois remonte à deux périples "chinois" effectués en 2002 et 2005. – Les différentes strates culturelles de toutes les époques se sont alors mêlées en un excitant et merveilleux chaos.

La chine était (et restera) un gigantesque chantier, mêlant les expériences (humaines, artistiques et politiques) les plus contradictoires. Enseveli, tabou, le passé resurgissait par tous les pores de la réalité.

En 2002, l’art contemporain chinois émergeait, renforçait ses premières lignes de crête. Les artistes alors rencontrés me dirent pour la plupart vouloir être reconnus et considérés comme « artistes internationaux ». Et non comme des « curiosités artistiques chinoises ».

Plus de dix ans après, la donne a beaucoup changé. Les artistes « chinois » n’hésitent plus à se revendiquer comme tels et il y a bel et bien un art contemporain chinois. Internationalement reconnu et qui dispose – dans l’immense Chine – de sérieux supports et relais : mécènes, collectionneurs, foires, galeries et maisons de vente. Sans compter ces gigantesques ateliers d’artistes où œuvrent des bataillons d’assistants et de petites mains. Toute une part de l’art contemporain chinois comporte ainsi – à l’image de L’Empire du Milieu – une dimension pharaonique.

Les jeunes artistes ne se sentent plus obligatoirement tiraillés entre les pôles d’une double appartenance : mouvance internationale, d’un côté, contexte culturel chinois (passé et présent) de l’autre. La nouvelle génération est entrée de plain-pied dans la modernité ; la génération d’avant a renoué avec ses racines.

Plutôt que de passer en revue les différents artistes actuellement présents à La Fondation Vuitton, portons notre attention sur l'un d'eux, un des grands noms de l’art chinois de ces dernières années : Zhang Huan, né en 1965 dans le Henan, connu dans les années 1990 pour ses actions et performances de body art. Il y dévoilait un « corps humain » soumis à un sens exacerbé de la cruauté. Zhang Huan passe ensuite 8 ans à New York ; il s’y découvre « chinois », réintègre la Chine et s’installe dans une série d’ateliers près de Shanghai.

Parmi les « nouveaux matériaux » de son art, il nous faut citer « la cendre ». Matériau « ancien », « archaïque » même, utilisée par lui sous la forme de ces résidus d’encens qui abondent dans les temples. – Massivement récupéré, ce matériau fournit la base technique de gigantesques peintures d’histoires.

Pour réaliser la peinture de ses gris si particuliers, Francis Bacon récupérait la poussière de son atelier. Zhang Huan, lui, récupère la poudre, la cendre de ces bâtonnets d’encens qui ont commencé par se consumer lentement dans les temples au cours de rituels imprégnés de signification.

Peindre (et sculpter) avec de la cendre d’encens n’est pas anodin. Ce matériau, familier mais plastiquement insolite, amène Zhang Huan à se réapproprier tout un pan de l'histoire spirituelle de la Chine.

Les toiles réalisées sont immenses. Porteuses non seulement des strates accumulées de cette fine poussière, mais aussi des strates politiques et culturelles de la mémoire chinoise. Telle la construction du Grand Canal, en 1958-1960, au moment où les réformes agraires voulues par Mao Zedong entraînent une des grandes famines de l'histoire chinoise (Great Leap forward, 2007). Ou la Place Tian Anmen le jour de la célébration des dix ans de la fondation par Mao Zedong de la République Populaire de Chine (National Day, 2009).

La cendre donne assurément à ces commémorations picturales une saveur et une atmosphère très spéciales. Cette étrangeté se retrouve - intacte - dans l'autoportrait sculpté - et fracturé - de l'artiste (Sudden Awakening, 2006).

Site de la Fondation Louis Vuitton

Zhang Huan, Great Leap forward,
2007 (détail). Photo © FDM 2016.

samedi 5 mars 2016

Helena ALMEIDA. Corpus.

Peinture habitée, 1975. Photo DR.

Helena Almeida
Musée du Jeu de Paume.
Du 9 février au 22 mai 2016.

De cette exposition poétique, sereine et mélancolique, on ressort le cœur léger et la démarche allègre. Omniprésent dans le parcours de l’artiste, le corps (son corps) y est certes décalé, mais harmonique.

Les portraits (ou auto-portraits dérivés, pris par son compagnon) sont fréquemment retouchés d’une couche (d’une touche) de pigment bleu – qui n’est pas le bleu Klein (le fameux IKB), mais qui l’évoque immanquablement.

Les moyens - photos, cadres, tissus fins et transparents, accessoires minimum (comme de la corde, du fil de fer, quelques poignées de pigments) – sont économiques. La démarche, élégante, est aux antipodes de l’hystérie qui fut celle du body art.

Dans ce décor minimaliste, le corps des tableaux se joue des cadres, des châssis, des entraves et des obstacles semés sur leur route. Tout cela est très enfantin. Ludique. Joyeux. Comme cette Toile habitée de 1976 où, vêtue d’une ample robe de couleur claire, Helena Almeida a pour bustier une toile blanche : un tableau immaculé qui fait « corps » avec sa silhouette.

On comprend bien qu’elle se joue de la peinture, de la photographie, de la performance… et de son propre corps. – Un corps en mouvement. Toujours en déplacement et en transformation.

A la toute fin des années 1960 et dans les années 1970, le monde où elle se meut est un monde marqué par Yves Klein, par les toiles (fendues, découpées) de Lucio Fontana qu’elle découvre avec bonheur.

A elle désormais d’inscrire son corps dans la peinture, le tableau, le châssis, les miroirs et la photographie. La vidéo, enfin, lui apporte d’autres expériences : celles de la métamorphose, des apparitions et disparitions d’ombres et de figures qui s’éloignent, se rapprochent et s’évanouissent. – Sur le mode d'un dessin, d’un fusain évanescent.

Site du Jeu de Paume

Toile habitée, 1976. Photo DR.